Magazine Marianne : la rédaction insiste pour une revente, la direction de CMI France refuse

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Le bras de fer entre la direction de CMI France et la rédaction de Marianne s’intensifie. Alors que la société des rédacteurs de l’hebdomadaire a réaffirmé son soutien à un projet de reprise, porté par l’économiste Jean-Claude Delgènes et un groupe d’investisseurs issus de l’économie sociale et solidaire, le groupe propriétaire CMI France a catégoriquement refusé toute cession du titre.

Dans une tribune publiée le 13 février dans Le Monde, la société des rédacteurs a dévoilé les grandes lignes de ce projet, visant à transformer Marianne en une Société Coopérative d’Intérêt Collectif (SCIC). Les journalistes estiment que ce modèle permettrait de préserver l’indépendance éditoriale du journal, tout en mettant fin à la baisse des effectifs et des ressources envisagées par CMI France.

Le projet de reprise a déjà fait l’objet de deux offres successives. La première, refusée par CMI France, a été jugée insuffisante tant sur le plan financier que stratégique. Une deuxième offre, « mieux-disante », est en préparation selon les représentants des journalistes.

Refus catégorique de la direction

Dans un message interne transmis aux salariés et consulté par l’AFP, Denis Olivennes, président du conseil de surveillance, et Valérie Salomon, présidente de CMI France, ont répondu fermement : « Nous vous le disons clairement : Marianne ne sera pas vendu. » Les dirigeants ont également souligné que les journalistes souhaitant quitter la rédaction pourraient le faire en vertu d’une « clause de conscience ».

Le groupe CMI, détenu par le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, justifie son refus par les investissements importants réalisés ces six dernières années, estimés à 25 millions d’euros. Le projet de reprise proposé ne serait « ni acceptable en termes de prix, ni capable de soutenir financièrement le coût du redressement et du développement » de l’hebdomadaire.

Cette opposition s’inscrit dans un contexte de tentatives de vente avortées. En juillet 2024, les négociations avec le milliardaire conservateur Pierre-Édouard Stérin avaient été stoppées, notamment en raison des révélations d’accointances avec l’extrême droite. En novembre, une autre tentative de cession à l’entrepreneur Jean-Martial Lefranc avait échoué, la rédaction exprimant des craintes sur l’indépendance éditoriale du titre.

Une nouvelle direction pour Marianne

Pour marquer une nouvelle ère, CMI France a récemment annoncé la nomination de Frédéric Taddeï à la direction de Marianne, à compter de mars 2025, en remplacement de Natacha Polony. Ève Szeftel, journaliste à Libération, a également été recrutée comme directrice de la rédaction début janvier.