Droits voisins : Google va rémunérer l’AFP pendant 5 ans pour utiliser ses contenus en ligne

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Après de nombreuses et houleuses négociations sur l’application des droits voisins, Google et l’AFP ont conclu un accord pour payer pendant cinq ans les contenus de l’agence de presse internationale présentés par le géant américain. C’est « l’aboutissement d’un long combat » ainsi qu’une volonté de « tourner la page », indique l’AFP.

Il s’agit du premier partenariat conclu par une agence de presse au titre des droits voisins du droit d’auteur, directive européenne dont la France était la première à transposer dans son droit national, il y a quelques années, en 2019. La question du partage des revenus générés en ligne par les géants de la tech est au cœur de vives tensions avec les médias dans le monde.

L’accord « couvre toute l’UE, dans toutes les langues de l’AFP, y compris dans les pays qui n’ont pas transposé la directive », s’est réjoui mercredi le PDG de l’Agence France-Presse, Fabrice Fries, qui a qualifié de « pionnier » cet accord négocié depuis 18 mois. L’AFP produit et diffuse des contenus multimédia dans six langues auprès de ses clients en France et dans le monde.

Pour M. Fries, cette signature est « l’aboutissement d’un long combat. (…) On a bataillé pour que les agences soient pleinement éligibles aux droits voisins. La différence avec un partenariat commercial, c’est qu’un contrat de droits voisins a vocation à être durable », a poursuivi le PDG de l’AFP.

Un accord accompagné d’un programme pour lutter contre les fake news

Le montant de l’accord, forfaitaire, n’a pas été dévoilé. Il « permettra de contribuer à la production d’une information de qualité et au développement de l’innovation au sein de l’Agence », a indiqué M. Fries. « Le précédent créé, nous allons pouvoir engager des négociations similaires avec d’autres plateformes », a précisé Fabrice Fries dans un message interne aux salariés de l’agence.

L’accord avec Google doit être complété « très prochainement » par « un programme portant sur la lutte contre la désinformation », ont affirmé les deux entreprises dans un communiqué commun. L’AFP proposera notamment des formations au fact-checking.

Dans son message aux salariés, Fabrice Fries a ajouté que Google allait « ainsi devenir un des tout premiers clients de l’Agence, aux côtés de Facebook. » Le groupe américain Meta, propriétaire du réseau social, rémunère plus de 80 médias dans le monde, dont l’AFP, au titre d’un programme de vérification des contenus.

Les négociations et tensions sont nombreuses autour des Gafam et des droits d’auteur. En Espagne, Google vient d’annoncer la réouverture début 2022 de son service Google News, fermé il y a sept ans dans ce pays en réaction à l’adoption d’une loi sur la propriété intellectuelle l’obligeant à rétribuer les médias. Au Danemark, les principaux médias ont annoncé en juin qu’ils allaient s’unir pour négocier leurs droits d’auteur avec les géants du web. En Australie, une loi a été adoptée pour obliger les géants de la tech à rémunérer les médias pour la reprise de leurs contenus.

Source : AFP.