Europe 1 : La rédaction en grève, le CSA demande à être alerté sur les futurs changements de statut

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Les salariés d’Europe 1 ont décidé, vendredi, de se mettre en grève pour protester contre la mise à pied d’un journaliste, alors que les tensions se multiplient au sein de la station sur fond de rapprochement avec la chaîne d’informations CNews.

« Les salariés d’Europe 1 réunis en assemblée générale ce vendredi après-midi 18 juin ont décidé le principe d’une grève immédiate », ont annoncé l’intersyndicale CGT, CFTC, FO, SNJ d’Europe 1 et le bureau de la Société des rédacteurs (SDR) dans un courrier interne qu’a pu consulter l’AFP.

Ce mouvement de grève, voté à l’unanimité, « vise à obtenir de la direction d’Europe 1 l’annulation de la procédure disciplinaire engagée » contre un journaliste de la rédaction, « dernière illustration en date d’un management autoritaire et inadapté à l’œuvre à Europe 1 », expliquent les grévistes.

A l’origine de cette sanction : les propos « véhéments » mais pas « insultants » tenus par le journaliste à l’encontre d’une employée des ressources humaines lors d’une assemblée générale mercredi. Il l’a surpris « en train d’enregistrer les propos », la soupçonnant de vouloir les transmettre à la direction, a rapporté Olivier Samain, délégué syndical SNJ.

Malgré la mobilisation en interne, la procédure disciplinaire a été maintenue, la direction invoquant ses comportements antérieurs, selon une source interrogée par l’AFP.

« C’est une journée tristement historique pour Europe 1 » où pour la première fois l’ensemble de la station se met grève, a déclaré à l’AFP Jean-Gabriel Bourgeois, président de la SDR. « On espère que la direction va nous entendre et nous recevoir pour régler les choses le plus rapidement possible », a-t-il ajouté.

La suite donnée au mouvement sera décidée lors d’une nouvelle assemblée générale le 21 juin. Cette crise éclate dans un climat tendu, au sein d’une rédaction déjà « déprimée ». Par le plan de départs volontaires engagé au printemps pour supprimer une quarantaine de postes et redresser les comptes de la radio, dont les audiences peinent à remonter. Mais aussi par les synergies que la direction veut développer avec CNews, chaîne d’info du groupe Canal+, filiale de Vivendi, contrôlé par Vincent Bolloré, comme elle l’a annoncé aux salariés en mai.

Le CSA a rappelé à Europe 1 et sa maison mère Lagardère plusieurs de leurs obligations légales, dans un courrier dont l’AFP s’est procuré samedi une copie, une démarche effectuée dans la perspective de la transformation du groupe, qui suscite de fortes inquiétudes au sein de la station. Le directeur général du Conseil supérieur de l’audiovisuel a adressé ce courrier à Constance Benqué, la présidente de Lagardère News (Europe 1, RFM, Virgin Radio…). Après l’annonce en avril d’un projet de transformation de Lagardère en société anonyme, un changement de statut majeur pour le groupe jusqu’ici contrôlé par Arnaud Lagardère, il rappelle que l’entreprise est soumise à une série d’obligations légales, inscrites dans la loi sur l’audiovisuel de 1986 et dans plusieurs conventions conclues avec le CSA. Ces dispositions donnent notamment au CSA le pouvoir de retirer une autorisation de diffusion d’un service de radio ou de télévision sur les ondes hertziennes, « en cas de modification substantielle des données au vu desquelles l’autorisation avait été délivrée, notamment des changements intervenus dans la composition du capital social ou des organes de direction et dans les modalités de financement », selon le texte de cette loi. Elles obligent également les éditeurs d’un tel service à « obtenir un agrément du Conseil supérieur de l’audiovisuel en cas de modification du contrôle direct ou indirect ».

« Il appartient donc au groupe Lagardère de prendre l’initiative de saisir le Conseil au plus tôt, et en tout état de cause préalablement à la réalisation des opérations envisagées », a prévenu le CSA, qui a également demandé à Lagardère de lui communiquer le projet de nouveaux statuts.

Source: AFP.