Les rencontres de l’Udecam : « Ensemble pour accueillir les talents », les temps forts de la quatrième journée

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La quatrième journée des Rencontres de l’Udecam, qui s’est déroulée dans les studios d’Europe 1, avait pour thème : « Ensemble pour accueillir les talents ». De nos jours, les grands groupes média mettent toutes les chances de leur côté pour recruter les talents de demain. Inclusion, parité, diversité font partie intégrante de leur programme. Voici les temps forts de ce quatrième rendez-vous.

Inclusion, parité, emploi des jeunes… état des lieux

La question de la diversité touche tout particulièrement Thomas Jamet, président IPG Mediabrands et vice-président de l’Udecam, qui en fait son cheval de bataille.  « Les agences média sont les championnes de la connaissance du consommateur. Le consommateur c’est l’humain. Et si on connaît si bien l’humain, il faut aussi être capable de bien connaître ses talents et ses collaborateurs et de s’engager pour eux. « 

Selon le président, les agences média ont toujours été à la pointe de l’engagement pour la jeunesse. Elles créent régulièrement des métiers et sont tournées vers l’innovation. « Nous avons participé à la création de métiers sur la data, la technologie, la programmatique, etc. Nous sommes dans une période de réinvention permanente qui fait que nous pouvons offrir de l’attractivité à la jeunesse. » Plus encore, les agences sont là pour créer de la valeur et développer le business de manière responsable. Celles-ci doivent proposer des perspectives d’avenir aux jeunes. « Il ne faut plus parler de RSE (Responsabilité Sociale d’Entreprise) mais d’engagement. Il faut des choses concrète. L’inclusion doit être un KPI fort de l’entreprise, de ses annonceurs et de ses clients. »

Pour Anne-Laure Thomas, directrice diversité et inclusion chez l’Oréal, la singularité et l’expérience de chaque individu crée la complémentarité. « Être soi-même c’est ce qui donne envie d’aller travailler », explique-t-elle. La marque fait la part belle à la diversité et aux jeunes talents. Pendant le confinement, elle a continué à mettre en place ses engagements envers les la jeunesse. « Tous les stages qui étaient organisés se sont maintenus, ils ont eu lieu en digital. Nous avons aussi continué à recruter pour les autres sessions de stage et d’alternance. Nous avons tout transformé, les entretiens avaient lieu sous forme de job dating. Nous avons également mis en place des tutorats à distance pour les jeunes en situation précaire et de handicap. »

On le voit l’engagement est devenu, de manière générale, une obligation au sein de l’entreprise. Il faut donner du sens. Par exemple, chez l’Oréal, toute une série de partenariats sont noués avec des associations pour venir en aide aux jeunes et les accompagner.

A cet égard, Constance Benqué, présidente de Lagardère News, explique que les contrats d’apprentissage peuvent favoriser l’emploi des jeunes. Il s’agit là d’une manière un peu « plus facile » d’engager en ces temps difficiles. Elle ajoute aussi que, dans cette quête du sens, il ne faut pas non plus occulter la question de l’égalité homme-femme.  » La parité reste quelque chose de très important. Dans la publicité, ce n’est pas un problème, chez Lagardère, plus de 70% du personnel est féminin mais il ne faut pas l’oublier dans les autres secteurs. »

Au centre, Elisabeth Assayag et Emmanuel Duteil, journalistes Europe 1 et médiateurs de la table ronde.

Comment le secteur des métiers de la communication s’engage-t-il?

Les acteurs média ont conscience de leur responsabilité envers les jeunes et s’engagent auprès de ces derniers. Pour ce faire, chaque groupe du secteur à mis en place son propre dispositif.

Chez M6, le plan recrutement jeune a été lancé. « Les entreprises qui se portent bien, comme la nôtre, ont une responsabilité par rapport à la génération qui arrive sur le marché du travail. Nous avons décidé d’embaucher de jeunes collaborateurs en CDI en cette période de crise », indique Nicolas de Tavernost, président du Directoire de M6. 100 jeunes de 26 ans et moins intégreront le groupe en 2020-2021 : 45 collaborateurs qui sont déjà en stage, alternance ou CDD chez M6 et 55 collaborateurs en création de poste.

« Notre moyenne d’âge est très jeune dans l’entreprise : entre 37-38 ans. De plus nous avons toujours fait confiance à des jeunes. C’est notre vocation. Défendre l’entreprise aujourd’hui, cela passe par un effort d’intégration des jeunes sous peine d’avoir des réflexes anti-entreprises et antilibéralismes dans les générations à venir ». Le président invite les sociétés -dont la situation le permet- à recruter activement les jeunes talents en ce moment.

De son côté, Dentsu a élaboré « Jamais sans elle », une charte d’entreprise qui a été signée par les cadres et presque tout le personnel de l’agence. En posant leur paraphe, « les membres se sont engagés à ne jamais participer à une table ronde ou à une réunion où la diversité n’est pas reconnue et représentée », précise Francesca Sacchi, DRH chez Dentsu. Dans cette optique, l’agence entend lutter contre les stéréotypes. « Nous faisons très attention quand nous programmons une campagne de ne pas tomber dans les stéréotypes mais ce n’est pas toujours facile. C’est notre force, c’est la première chose que nous mentionnons lorsque nous faisons un appel d’offres. »

Cette année, Dentsu fait encore un pas en avant en termes d’inclusion et de diversité chez jeunes, avec le programme The Code qui vise deux objectifs : donner de l’opportunité à l’insertion professionnelle et sensibiliser grâce à des parcours. « Nous voulons que les jeunes soient formés à l’éthique de l’entreprise et à la protection des données. Nous utilisons beaucoup de données dans nos métiers et nous voulons qu’ils soient sensibilisés à cela. » 

Autre forme d’engagement envers les jeunes avec Cyril Zimmermann, fondateur de « La Plateforme », une école du numérique située à Marseille. La création de cette école est à l’origine d’un constat : les entreprises ont du mal à recruter des profils techs. Or, former quelqu’un en informatique, cela peut se faire en un an. « Nous avons donc créé des formations d’un an, deux et plus sur base du principe selon lequel le format d’apprentissage de la tech est approprié à la formation et non pas seulement à l’universitaire. Nous recrutons avec ou sans qualifications nécessaires. 40% de la première promo n’avait pas le bac. Nous essayons d’élargir et de brasser tous les milieux sociaux, le nord et le sud de Marseille ». Une forme de pédagogie qui inclut tous les enfants, issus de tous les milieux, sans faire de distinction. « Nous voulons fusionner les différents publics avec des méthodes pédagogiques où les étudiants apprennent par eux-mêmes. »

Force est de constater que les jeunes sont devenus le centre d’attention de nombreuses sociétés et organisations.

A droite, Nicolas de Tavernost et Francesca Sacchi.

Le marketing et la communication intéressent-ils encore les jeunes?

Pour Natacha Valla, doyenne de l’école du management et de l’innovation – Sciences Po, la réponse est oui. Il y a, selon elle, chez les jeunes, une appétence pour l’innovation et c’est pour cela qu’ils sont encore attirés par les métiers du marketing et de la communication. Les jeunes se posent de plus en plus de questions et s’impliquent davantage dans le monde qui les entoure. Ce n’est pas un hasard non plus si le master de l’école a été renommé « Marketing et Société ». Ce sont deux réalités qui se complètent bien. « L’intégration de la raison d’être va très bien avec le marketing. »

Les propos de Safia Caré, Brand Constent Strategist, vont dans le même sens. Elle estime même que les jeunes touchent déjà à la communication avant de s’orienter dans leurs études. « En manipulant des contenus sur les réseaux sociaux et en les partageant, les jeunes sont déjà communiquants. Ils ont également compris que la communication est un levier d’influence puisqu’ils se mobilisent pour des causes. » Une telle attitude change le rapport des jeunes à la sphère médiatique. En outre, la spécialiste invite les entreprises à prendre compte de la diversité des points de vue et notamment l’avis des jeunes sur l’inclusion et sur les métiers de la communication.

Si les réponses de Natacha Valla et de Safia Caré étaient positives, celles de Julia Layani et Elise Goldfarb, deux jeunes entrepreneuses, sont beaucoup plus nuancées… et engagées. « On est à la fois intéressé et désintéressé par ce genre de métiers. On s’y désintéresse car les contenus produits par les groupes ne nous concernent pas et donc cela nous donne encore plus envie de travailler dans ce secteur car on veut faire changer les choses. » 

Pour Elise Goldfarb, les efforts d’inclusion des sociétés ne sont pas suffisants : « la diversité n’a pas de travail. Il y a eu un progrès de la femme mais seulement au niveau de la femme blanche. Quand une entreprise dit qu’elle veut faire des efforts elle doit vraiment le faire. Certes elles font du RSE mais c’est du RSE bullshit ». Qu’attendent vraiment les jeunes de leur employeur? Sincérité, authenticité et bienveillance, selon la jeune femme.

Les agences en font-elles assez en termes d’inclusion, de diversité et de parité? Le débat reste ouvert.