Le Canard Enchaîné, qui avait déjà vécu une petite révolution pendant le premier confinement en proposant l’achat de numéros en version numérique, sera désormais disponible dans ce format tous les mardis à 23heures, la veille de sa parution papier, a annoncé mardi l’hebdomadaire satirique.
Le palmipède a en outre dévoilé son nouveau site internet qu’il promettait il y a trois semaines « plus complet, plus facile d’accès et plus convivial« . Y sont proposés « 2 ans d’archives du journal, en achat à l’unité, sur support papier et en version numérique », aux côtés de nouvelles formules d’abonnement, intégralement numériques ou non.
Pour l’institution centenaire, qui faisait office de gaulois réfractaire dans un monde bouleversé par les nouveaux usages sur Internet et la baisse des ventes de journaux papier, ce virage est une « nécessité au moment où les kiosques diminuent », a expliqué à l’AFP Michel Gaillard, président de la société éditrice de l’hebdomadaire.
« On n’a jamais été contre » le numérique, « c’était assez compliqué à mettre en route, on avait une vente qui était forte » dans les kiosques, a précisé M. Gaillard, rappelant le soutien du journal aux marchands de journaux.
2019 dans le rouge
La crise sanitaire due au Covid-19, avec le confinement et la fermeture de nombreux points de vente, est venue accélérer la mue de l’hebdomadaire, dont la présence en ligne se résumait à un compte Twitter alimenté une fois par semaine avec ses titres à paraître le lendemain.
En outre, pour la première fois de son histoire, le Canard a fini dans le rouge en 2019, plombé par les créances du distributeur Presstalis, dont la liquidation cette année a pesé sur les comptes de nombreux journaux.
L’hebdomadaire satirique affiche ainsi une légère perte d’un peu plus de 30.000 euros en 2019 contre un bénéfice de 1,4 million d’euros l’année précédente, selon les comptes annuels publiés dans le journal le mois dernier. Pour l’année en cours, le premier confinement a fait baisser les ventes au numéro de plus de 20% au premier semestre.
Le titre a toutefois gagné 14% d’abonnés supplémentaires sur la même période et en compte désormais plus de 82.800. Le journal est « indépendant de la publicité et, donc, à l’abri des pressions qui vont avec », rappelle-t-il sur son site. Il revendique aussi une « indépendance financière », n’appartenant pas « à un quelconque caïd du CAC40 mais » à « ses salariés », doublée « d’une indépendance politique », même s’il « penche quand même à gauche ».
Source : AFP.